Chemins de découvertes
Aux origines était la Chine
Infusée par hasard dans un bol d’eau chaude, elle a révélé les arômes d’un breuvage dont les bienfaits ont été découverts par le moine taoïste Wu Lizhen. En 53 av. J-C il planta les 7 premiers théiers, devenant le père fondateur de la culture du thé. La Chine détient aussi le secret du plus fameux thé du monde, le Pu Erh. Cueilli sur des arbustes non taillés, on le conditionne en galettes ou en briques, hier transportées à dos de mules. Au cours des longues semaines de transport la fermentation naturelle révéla des arômes inégalables à l’arrivée. Comme le vin, on venait de découvrir que le thé se bonifiait avec le temps. Aujourd’hui des processus de fabrication sophistiqués continuent d’en magnifier les saveurs.
Sur les Routes de la Soie
Des rivages de l’Orient aux steppes d’Asie Centrale, le thé a de tout temps réunis les hommes autour d’une tasse fumante et parfumée. Dans les maisons de thé d’Iran, il rassemble autour du samovar. Réconfortant autour du poêle d’une halte caravanière, il accompagne échanges et négociations sur les marchés de Samarkand et Boukhara. Chez les nomades du Kazakhstan, du Kirghizstan et de Mongolie, il souhaite la bienvenue au cavalier de passage et dans les hautes vallées du Pamir, il réchauffe la transhumance des bergers. Hier en petites briques dans la besace des moines bouddhistes, aujourd’hui dans la froidure des hivers russes ou tout simplement chez nous, le thé a suivi les hommes jusque dans les salons bourgeois.
Vous en prendrez bien une tasse
Fi du petit sachet tristounet qui trempe à la va vite dans un peu d’eau chaude et vive la dégustation de feuilles d’un thé noir ou vert, fumé ou fruité, amer ou fleuri…car comme la vigne, le thé transmet les saveurs d’un terroir, d’un climat et surtout, du savoir-faire de chaque pays : indispensable allié de la méditation des moines tibétains; acre et mousseux magnifié par la gestuelle raffinée des geishas lors de la cérémonie du thé ; noir et puissant Darjeeling au pied des Himalaya ; inimitable Masala Tea servi dans la rue en Inde, sucré et mélangé à du lait épicé de gingembre et de cardamome ; incontournables breakfast et tea time à Ceylan ; marié à la menthe au Sahara… le thé se conjugue à tous les temps.
Ce n’est pas le nom d’un voyage, mais le titre du dernier opus de Tuul et Bruno Morandi, grands photographes voyageurs autour du monde. Le feuilleter - ou le « feuilles-thé » ! - c’est partir un peu, s’évader beaucoup, rêver passionnément.
Histoire du thé, traditions locales, secrets de fabrication, dégustations et rencontres, en Chine, au Japon, des contreforts himalayens aux collines du Sri Lanka, des bazars indiens à la Route de la Soie, mais aussi en Afrique des hauts plateaux aux déserts, laissez-vous embarquer et savourez avec eux le nombre incalculable de tasses qui ont étanché leur soif sur les routes ancestrales du thé.
Un bouquin passionnant et magnifique, à commander ici et une vidéo à visionner ici.
Dans les années 1800, fermement décidés à ne pas laisser le monopole à la Chine, les Anglais vont utiliser la puissante Compagnie britannique des Indes orientales pour se lancer sur le marché du thé. Deux guerres de l’opium plus tard, ils obtiennent l’ouverture du marché chinois et la concession de Hong Kong. Mais ils veulent aussi devenir producteurs et envoient le botaniste écossais Robert Fortune infiltrer la Chine alors interdite. S’exprimant en mandarin et grimé en chinois, il ramène en Inde britannique les procédés de culture, 20.000 pieds de théiers, une grande quantité de graines, mais aussi des ouvriers chinois détenteurs des secrets de fabrication. Le premier vol industriel de l’histoire du thé venait d’avoir lieu.
A SAVOIR
Si son nom a fait le tour du monde pour finir dans nos théières, c’est qu’après avoir fait fortune avec sa chaine d’épiceries, en 1878 il achète une première plantation de thé à Ceylan et y applique sa stratégie gagnante de réduction des coûts de transport et de vente sans intermédiaire. Il sera le premier à fabriquer et à vendre le thé en sachet.
A FAIRE
La nuit vient de tomber sur le désert et annonce le crépitement du feu qui entretiendra le frémissement de l’incontournable thé à la menthe des nomades. Indissociable des longues méharées, autour d’un geste immuable il réchauffe, désaltère et rassemble caravaniers et bergers, mais aussi amateurs de randonnées dans les sables d’Afrique et d’Orient.
A CHINER
En porcelaine, en fonte, en verre, en céramique, en argent, rustique ou raffinée, kitch héritée de ma grand-mère ou contemporaine signée d’un designer, la théière a depuis longtemps gagné ses lettres de noblesse et tient une place de choix au sein des arts de la table ; de quoi sublimer avec élégance le geste banal de remplir une tasse ou un bol.
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